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8 juin 2017

Maladie et décès d'une maman....la mienne

imagesimage maman

 

Après le décès de maman tout a changé....Je me suis retrouvée seule face à mon chagrin, les questions, la peur, le sentiment de solitude qui m'envahissaient.....

J'ai perdu ma mère lorsque j'avais 16 ans. J'étais plutôt immature, je ne pensais pas que ma mère pouvais mourir...en tout cas pas déjà.... Elle avait 40 ans.

Je vivais avec mes petits soucis d'adolescente: "Ca va j'ai pas la marque du fond de teint dans le cou? Ohhhh je vais pas pouvoir sortir aujourd'hui j'ai un ENORME bouton de 1mm mais siiiiii lààààààà tu vois pas??? De toute façon personne ne me comprend!!!"    Ouai ce style d'adolescente !!!!!

Jusqu'au jour ou j'apprends que maman est malade, elle a un cancer. Pas de panique mamie a eu un cancer elle est toujours vivante, mon beau-père a eu un petit mélanome il est toujours vivant... donc ça va maintenant on guérit de ça, non?!

Je continue donc pendant 1 mois dans la joie et la bonne humeur... Jusqu'à ce que j'entende maman en pleine nuit vomir toutes ses tripes. Là je me dis "ça craint!" Je prends conscience que la chimio a commencé (que mamie et mon beau père n'étaient pas passés par là...) la chute est rude.

Je me lève, je vais voir maman et je me rends compte qu'elle a changé, je ne l'avais pas remarqué (certainement pour me protéger).

Le lendemain elle se coiffe, ses longs cheveux blonds se détachent de son cuir chevelu... Elle fait l'andouille pour que je ne panique pas, je lui chante une chanson idiote qui passait à la radio, une parodie des boys bande: "je crois que si j'étais chauve je me laverai jamais les ch'veux..." on rit... Puis un silence et elle me demande si je peux lui couper les cheveux.

Elle me tend la tondeuse et je lui rase la tête. C'est un geste qui sur l'instant me semble facile, comme ca on ne verra plus ces plaques de cheveux se détacher, mais qui  me marquera.

Comment vont réagir "les autres" en la voyant chauve? C'était il y a plus de 19 ans , on ne parlait pas autant du cancer, c'était une maladie que l'on cachait, c'était presque honteux d'être malade.... Maman a donc décidé de s'acheter une perruque pour que "CA ne se voit pas". Elle ne la supportait pas trop alors elle portait souvent des chapeaux ou des bonnets selon la température.

Un jour on décide d'aller au restaurant, on s'assoit à côté d'autres personnes. Tout va bien , jusqu'à ce que maman, qui a trop chaud, enlève son bonnet.... Ce moment a été pour moi très déstabilisant... Les personnes des tables alentours se sont toutes levées et ont changé de table.....Maman n'était plus la bienvenue dans cette société, on la rejettait parce qu'elle était malade et qu'en plus cela se voyait....

Des mésaventures de ce genre nous en rencontrerons tout au long de sa maladie: la perte "des amis" qui ont certainement peurs, ou ne savent pas quoi dire, ni quoi faire...Il y a aussi les mots, les attitudes, les gestes qui sont parois maladroits et blessants "faut faire plein de photos c'est pas quand on sera plus là qu'on pourra en faire! Clic, clic, clic  chaque Clic comme un coup de poing en plein coeur...Et il y a les peurs du malade que nous ne savons pas comprendre, car nous aussi nous avons peurs....

Vivre avec quelqu'un de malade, qui souffre, qui a peur revient à vivre avec la maladie elle même...

Chacun retient son souffle à chaque examen, chaque scanner....

Un matin je rentre dans sa chambre, elle me dit "allonge toi sur mon ventre comme quand tu étais bébé" je pose ma tête sur son ventre et elle me dit "je ne veux pas mourir, les larmes envahissent mes yeux, puis elle me dit " tiens  (en me tendant son bracelet que j'ai toujours vu a son poignet) il est trop grand pour moi maintenant" et là je comprends qu'elle doute et qu'elle me cède autre chose que son bracelet, elle me choisie pour être celle qui écrira la suite.

Je me souviens que maman avait incisté pour que je parte en vacances au camping et que j'aille voir mon petit copain. J'étais hyper contente, je ne me suis pas apperçue qu'elle m'éloignait pour me protéger de ce qui était en train de se passer.

Un jour je lui téléphone d'une cabine (et oui pas de portable à l'époque) et elle me dit en pleurs qu'elle est contente que sa tête n'a rien mais qu'elle ne peut pas trop parler car les rayons lui ont brulé la gorge. Je raccroche très heureuse et pleine d'espoir de guérison....

J'apprendrai plus tard que ce même jour quand sa meilleure amie est venue la voir à l'hopital maman lui a crié dessus en lui disant    "tu savais que j'allais mourir pourquoi tu m'as rien dis?" elle avait un cancer généralisé et le cerveau entièrement métastasé..

Elle savait qu'elle allait mourir mais elle c'est battue jusqu'à la fin.

Quelque jours avant son décès elle nous a demandé à mes frères et moi de rester près d'elle pour nous parler elle nous a dit "je vous aime les enfants je ne veux pas vous laisser" ce sera la phrase la plus difficile à entendre de ma vie.

Maman mourra à l'hopital, nous apprendrons son décès en découvrant sa chambre vide, aussi vide que nos coeurs.

Tout s'enchaine très vite, le choix des fleurs, la tenue, l'enterrement..... Je vis à côté de mon corps, je suis sonnée, je suis sèche, je n'ai plus de larmes, j'ai trop pleuré.

Je me sens seule, je m'en veux de ne pas avoir compris que c'était si grave, de ne pas avoir été plus mature, de m'être parfois énervée sur elle.... Tout le monde pleure autour de moi, ma famille, ses amis, mes frères. Ils ressentent surement autant de chagrin que moi pourtant je me sens seule face à cette douleur, ce vide, cette blessure.

Alors je me met à vomir.. Je vomis la vie et ce qu'elle nous fait parfois subir, je veux ressentir la douleur de maman quand elle vomissait après ses chimios, je veux me punir d'avoir parfois été dur avec elle....

Cette période ne durera pas longtemps et chaque fois que je faisais ce geste jespérais qu'on vienne me prendre dans les bras, que je puisse m'autoriser à lacher ma colère...mais rien.

Maman m'a appris à surmonter les épreuves alors j'arrête de me faire du mal je comprends que cela ne sert à rien et ne la fera pas revenir (même si j'imagine souvent que tout cela n'est pas la réalité).

Le décès de maman a été la fin de mon enfance, le début d'un long parcours de dénis, de colère puis d'acceptation. J'envierai les filles qui ont leur maman jusqu'à la fin de ma vie, je serai parfois un peu jalouse des copines qui boivent un café avec leur mère mais je serai toujours heureuse d'avoir eu une mère comme la mienne. Une battante, une de ces femmes que la vie n'a pas épargnée mais qui a su semer la joie autour d'elle.

 

Il ne faut pas être triste d'avoir perdu quelqu'un, mais être heureux de l'avoir rencontré....

..................................................................................................................................M.S <3

 

 

 

 

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